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Stablecoins : pourquoi la BCE tire la sonnette d’alarme

Depuis plusieurs mois, la Banque Centrale Européenne (BCE) multiplie les avertissements au sujet des stablecoins, ces crypto-actifs présentés comme “stables” car supposés adossés à des réserves en dollars, en obligations souveraines ou en actifs monétaires.
Mais derrière cette promesse de stabilité, l’institution européenne considère ces jetons comme un risque systémique émergent, susceptible d’affecter la stabilité financière, les flux de capitaux et, à terme, la politique monétaire.

Pourquoi une telle inquiétude ? Que doivent retenir les investisseurs particuliers ? Et comment l’Europe se prépare-t-elle à encadrer les stablecoins via le règlement MiCA ?
KAMPOStratégie fait le point.

Comprendre les stablecoins : un outil pratique, mais un marché encore immature

Les stablecoins sont devenus en quelques années un pilier incontournable de l’écosystème crypto. Des géants comme USDT (Tether), USDC (Circle) ou plus récemment PYUSD (PayPal USD) affichent des capitalisations colossales, utilisées pour les transferts internationaux, le trading ou encore comme réserve temporaire dans les portefeuilles crypto.

Leur promesse repose sur un modèle simple :
➡️ 1 stablecoin = 1 dollar/euro détenu en réserve.

Mais ce modèle repose sur deux hypothèses majeures :

  • la transparence et la qualité des réserves,

  • la capacité à faire face à des retraits massifs en cas de crise.

Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), le marché mondial des stablecoins dépasse désormais les 160 milliards de dollars, mais reste très concentré : Tether représente plus de 70 % des volumes. Une dépendance que la BCE juge préoccupante, car elle crée un risque de monopolisation et de fragilité structurelle.

Pourquoi la BCE tire-t-elle la sonnette d'alarme ?

L’avertissement de la BCE s’appuie sur plusieurs constats majeurs.

1. Un risque de “bank run” en cas de perte de confiance

Comme pour un fonds monétaire, si les investisseurs doutent de la qualité des réserves, ils peuvent vouloir récupérer leurs dollars simultanément.
Ce phénomène s’est déjà produit :

  • Effondrement de TerraUSD (UST) en 2022 : 40 milliards $ détruits en quelques jours.

  • Perte de parité de USDC en mars 2023 lors de la faillite de Silicon Valley Bank : le stablecoin a chuté à 0,88 dollar avant de remonter.

  • Tether régulièrement accusé d’opacité sur la nature exacte de ses collatéraux.

Pour la BCE, une instabilité sur un stablecoin majeur pourrait se propager à tout l’écosystème crypto… mais aussi aux marchés financiers traditionnels, si les réserves incluent des obligations souveraines.

2. Une illusion de stabilité basée sur des réserves parfois risquées

Les stablecoins sont souvent perçus comme adossés à du cash. Mais en réalité :

  • une part significative est investie en Treasuries américains,

  • les maturités et la liquidité ne sont pas toujours connues,

  • certaines plateformes ne publient qu’un audit mensuel partiel.

La BCE souligne également que la concentration des réserves en obligations américaines crée un risque géopolitique et de taux, qui pourrait amplifier les tensions en période de volatilité obligataire.

3. Une menace potentielle sur le contrôle monétaire

Un stablecoin qui se diffuse massivement dans les paiements pourrait :

  • détourner une partie de la masse monétaire hors du système bancaire,

  • réduire l’efficacité de la politique monétaire,

  • complexifier le rôle des banques centrales dans la gestion des cycles économiques.

Le développement des stablecoins privés est d’ailleurs l’un des éléments ayant accéléré la réflexion sur l’euro numérique.

MiCA : l’Europe veut encadrer les stablecoins avant qu’il ne soit trop tard

Le règlement européen MiCA (Markets in Crypto-Assets), entré en vigueur partiellement en 2024, vise à réguler les émetteurs de stablecoins dès 2025.
Il impose :

  • un contrôle strict des réserves,

  • des audits réguliers,

  • une obligation de liquidité élevée,

  • une limitation de diffusion pour les stablecoins adossés au dollar,

  • un agrément obligatoire pour les prestataires.

La BCE soutient fortement ce cadre, qu’elle juge indispensable pour limiter les risques de contagion à l’économie réelle.

Selon une note récente de la banque centrale, « la stabilité des stablecoins dépend d’une supervision rigoureuse et d’une transparence totale des actifs utilisés comme collatéral ».

L’effet domino : comment un choc pourrait toucher les épargnants européens ?

Même si la majorité des Français ne détiennent pas directement de stablecoins, plusieurs mécanismes pourraient avoir un impact indirect :

• Impact sur les fonds monétaires

Si un stablecoin devait liquider en masse ses obligations en période de stress, cela pourrait provoquer :

  • une chute temporaire des prix,

  • une baisse de valeur des fonds monétaires,

  • un effet de propagation sur les marchés de taux.

• Volatilité accrue pour les investisseurs crypto

Les particuliers utilisant les stablecoins pour sécuriser temporairement leurs gains s’exposent à :

  • une perte de parité,

  • un blocage temporaire des remboursements,

  • des pertes en capital en cas de défaillance de l’émetteur.

• Risques accrus pour les plateformes crypto

Historiquement, les crises crypto se propagent très vite :

  • effondrement de FTX (2022),

  • faillite de Voyager Digital,

  • liquidation de Celsius.

La BCE estime que « les plateformes reposant massivement sur les stablecoins pourraient être vulnérables en cas de crise de liquidité ».

Stablecoins : un outil utile, mais à manier avec prudence

Malgré ces risques, les stablecoins répondent à un besoin réel :

  • transfert rapide d’argent,

  • stabilité relative dans un univers volatil,

  • facilité d’usage dans la DeFi,

  • coût faible pour les transactions internationales.

Ils disposent donc d’un rôle fonctionnel.
Le problème réside dans leur gouvernance et leur transparence, encore insuffisantes pour inspirer une confiance totale à long terme.

Pour les particuliers, trois principes s’imposent :

  1. Toujours vérifier la réputation de l’émetteur (Circle, Tether, Paxos…).
  2. Limiter l’exposition : les stablecoins ne remplacent ni une épargne sécurisée ni un fonds en euros
  3. S’informer régulièrement sur les audits et la qualité des réserves.

Les conseillers en gestion de patrimoine, tels que KAMPOStratégie, rappellent qu’un investissement – même technologique – doit s’intégrer dans une stratégie globale, diversifiée et maîtrisée.

Le rôle de l’euro numérique dans cette transformation

La BCE travaille en parallèle à l’euro numérique, dont le but est de :

  • proposer une alternative publique aux stablecoins,

  • garantir la sécurité des paiements numériques,

  • renforcer la souveraineté monétaire européenne.

Selon Christine Lagarde, « l’Europe ne peut pas laisser des solutions privées définir l’avenir des paiements numériques ».

L’arrivée de l’euro digital pourrait, à terme, réduire la dépendance aux stablecoins internationaux.

Que doivent retenir les épargnants ?

Les stablecoins occupent désormais une place clé dans la finance numérique.
Mais leur montée en puissance soulève des enjeux systémiques, que la BCE ne peut ignorer :

  • qualité des réserves,

  • opacité des audits,

  • dépendance au dollar,

  • risques de retraits massifs,

  • interconnexion avec les marchés obligataires.

Face à ces incertitudes, il est essentiel pour les épargnants de conserver une vision équilibrée :
➡️ les stablecoins peuvent être utiles,
➡️ mais ils ne doivent jamais devenir un élément central d’une stratégie patrimoniale.

Un cabinet de conseil en gestion de patrimoine indépendants, comme KAMPOStratégie, peut vous aider à comprendre ce nouvel environnement, afin de sécuriser vos placements et à arbitrer entre innovation et prudence.

FAQ - Stablecoins et investissements

Pourquoi la BCE alerte-t-elle sur les stablecoins ?

La Banque Centrale Européenne s’inquiète des risques de perte de parité, de retraits massifs et de contagion aux marchés traditionnels. Les stablecoins, souvent adossés à des réserves dont la qualité varie, peuvent devenir instables en période de stress financier.

Les stablecoins sont-ils vraiment sécurisés pour les investisseurs ?

La sécurité dépend de la transparence de l’émetteur, de la qualité des réserves et de la capacité à rembourser en cas de crise. Certains stablecoins sont solides, d’autres beaucoup plus risqués, ce qui peut entraîner des pertes en capital.

Quel lien existe entre la régulation MiCA et les stablecoins ?

Le règlement européen MiCA impose aux émetteurs de stablecoins des obligations strictes : audits réguliers, réserves transparentes, exigences de liquidité et agréments obligatoires. L’objectif est de mieux protéger les investisseurs européens.

Quels sont les risques principaux associés aux stablecoins ?

Les principaux risques incluent la perte de parité, l’opacité des réserves, la dépendance au dollar, les risques de liquidité et la possibilité de contagion vers les marchés obligataires. Ces éléments peuvent déstabiliser l’écosystème crypto et la finance traditionnelle.

Un particulier doit-il intégrer des stablecoins dans sa stratégie d’épargne ?

Les stablecoins peuvent être utiles pour les paiements ou la DeFi, mais ils ne doivent pas remplacer une épargne sécurisée ou un portefeuille diversifié. Ils doivent rester un outil ponctuel, jamais une base patrimoniale.

Pourquoi faire appel à un conseiller en gestion de patrimoine pour investir dans les crypto-actifs ?

Un conseiller en gestion de patrimoine aide à intégrer les crypto-actifs dans une stratégie globale, équilibrée et adaptée au profil de risque. Il clarifie les risques, sécurise les choix et accompagne l’épargnant dans une approche maîtrisée et diversifiée. Implanté de longue date près d’Aix-en-Provence, notre cabinet accompagne déjà de nombreux clients à Pertuis, Sausset-les-Pins et dans l’ensemble de la région. Nous intervenons également à travers la France pour répondre aux besoins de nos clients.

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